L’Albatros d’Amsterdam        

Tout d’abord, l’oiseau le plus grand et le plus rare d’Amsterdam (un des plus rares au monde), j’ai nommé l’Albatros d’Amsterdam (Diomedea Amsterdamensis). Il est proche du Grand Albatros de Crozet par la taille (environ 7 à 10 kgs pour 3,2 m d’envergure), mais présente une coloration beaucoup plus foncée. Il a été décrit pour la première fois en 1981 et fait partie des derniers oiseaux découverts. Il ne subsiste au monde que 160 individus environ, tous répertoriés et bagués. L’Albatros d’Amsterdam ne se reproduit qu’à Amsterdam, sur la partie haute de l’île ( au plateau des Tourbières) et il y a environ une dizaine de couples nicheurs chaque année. Les mâles arrivent entre fin Janvier et mi Février, suivis par les femelles environ 10 jours après. Ils nichent sur des mousses (normal il n'y a pas d'arbre) et la plupart des oeufs sont pondus entre le 20 Février et le 5 Mars. Le mâle et la femelle couvent l'oeuf en alternance pendant une durée de 79 jours. Les naissances ont lieu durant le mois de Mai. Le poussin qui pèse environ 300 g à l'éclosion atteint 1 kg à la fin de la couvaison. Il connait alors une phase de croissance rapide et atteint son poids d'adulte au bout de 96 jours. Va alors commencer une période de croissance plus lente comprise entre 130 et 230 jours qu'il mettra à profit pour atteindre son poids maximal. La durée totale de sa période de nidification est de l'ordre de 263 jours, puis il quittera l'île Amsterdam pour n'y revenir que 7 ans plus tard pour y commencer son propre cycle de reproduction. Cependant, trop jeune et maladroit, il faudra qu'il attende d'avoir au moins 12 ans avant de pouvoir mener un oeuf jusqu'à l'éclosion, mais il peut vivre très âgé (sa durée de vie serait de l'ordre de 80 ans). Sa zone de pêche est pour le moment inconnue (des balises Argos vont être posées cette année afin d’essayer de la déterminer) mais elle est peut-être à l’origine de la raréfaction de l’espèce. En effet, si c’est une zone de grande pêche industrielle style long-lines (les long-line sont des lignes de grande dimension -150 kms ! - tractées par un bateau, avec un hameçon tout les 10 m environ ), les albatros attrapent les appâts au moment de la mise à l’eau de la ligne et sont ensuite entraînés vers le fond où ils se noient. L’avenir devrait nous renseigner sur cette question.

L’Albatros à bec jaune 

 

Toujours dans la famille des Albatros, l’île abrite aussi un nombre important d’Albatros à bec jaune ( Diomedea chlororhynchos ) qui nichent à la pointe d’Entrecasteaux au Sud-Ouest de l’île. Beaucoup plus petits que le précédent, ils pèsent environ 2 kgs pour une envergure de 1,80 à 2 m. L’albatros à bec jaune est blanc avec juste le dessus des ailes noir,  et son bec est noir (comme son nom ne l’indique pas !) avec juste une bande supérieure jaune (yellow-nose en anglais). Les albatros à bec jaune se reproduisent sur les îles du Prince Edward, de Crozet, Saint-Paul et bien sûr Amsterdam. Ils nichent sur des pentes à forte déclivité (35° en moyenne) et élèvent un poussin par an, qui atteindra peu avant son envol 160 % du poids des parents. Très fidèles à leur nid, les Albatros arrivent vers la fin Août pour récupérer leur nid et séduire (les parades durent 10 à 15 jours) s'en suit la ponte d'un oeuf, généralement la nuit, dont l'incubation dure 71 jours. Le poussin atteind son poids maximum en 73 jours mais il ne quittera le nid que 126 jours après l'éclosion pour partir en mer (eh oui c'est un oiseau marin). Il ne reviendra sur les falaises d'Entrecasteaux que 4 ans plus tard histoire de faire le beau avec les filles, mais comme son cousin (le géant) il ne deviendra reproducteur que plus vieux, vers 9 ans environ. En 1983, 37 000 couples d’Albatros à bec jaune nichaient sur Amsterdam, ce qui représente plus de 50 % de la population mondiale ! Cependant, la décroissance de cette espèce est alarmante, car un recensement effectué en 1994 à estimé le nombre de couples à seulement 19 000 !! et c’est la même chose au niveau mondial. Encore la faute des long lines ?

 

Le poussin a besoin de la chaleur de sa mère pendant les 20 premiers jours

de sa vie, après il sera thermiquement émancipé. 

 

L’Albatros fuligineux 

 

Autre espèce , moins nombreuses et nichant sur des falaises encore plus escarpées, l'albatros fuligineux à dos sombre (Phoebetria fusca).

 

De taille comparable à l’albatros à bec jaune il s’en distingue par un plumage gris foncé et par une longévité bien supérieure (comme l’albatros d’Amsterdam sa durée de vie est de l’ordre de 80 ans). Les femelles pondent vers la fin septembre, un seul oeuf, et l'incubation dure 70 jours. Après l'éclosion les parents nourrissent le poussin pendant 164 jours à raison d'un jour sur cinq. En Mai le temps est venu de quitter le nid et d'aller, comme tous les Albatros, passer quelques années en mer.

Notre jeune et fringant fuligineux reviendra trois ans plus tard pour parader et former un couple qui durera toute la vie (c'est pas beau çà) mais il faudra un peu de patience au jeune couple pour avoir son premier oisillon (l'age moyen pour une première naissance se situe vers 11 ans). C'est un oiseau qui a un taux de fécondité très faible avec un oeuf tout les deux ans. La population de fuligineux est estimée à 90 000 individus dont 14 000 couples nicheurs.