Historique de la découverte d’Amsterdam

 

L’île a été découverte le 18 Mars 1522 par Juan Sébastien DEL CANO, compagnon de MAGELLAN, le journal du pilote Francisco Alvo est formel à cet égard, il y est dit qu'à la date indiquée, passant par 37°35 de latitude Sud, son navire est en vue d'une île élevée d'environ six lieues de tour et paraissant inhabitée, mais il ne purent y prendre pied malgré plusieurs tentatives.

 

Une centaine d'années plus tard, le navire Hollandais Zeewolf commandé par Harwik Claez de Hillegom aperçut par temps brumeux une île sans nom par 38°35 à laquelle il donna le nom de son navire, mais cette appellation ne fut pas retenue car le géographe Charles Velain prouva que cette île avait déjà été citée dans un Portulan (carte marine que l'on dressait au moyen age) de Evert Gysaerths en 1559 qui indique par 38° de latitude Sud une île avec cette mention 'T.Q descrobio o nao San Paolo'.

Le 17 Juin 1633 le gouverneur Van Diemen se rendant à Java, passe entre les deux îles à bord de son navire le Nieuw Amsterdam et donne son nom à la plus septentrionale des deux îles, le nom Saint Paul étant conservé pour l'autre. Il faudra attendre 1696 pour que le Hollandais de Valmink y débarque et l'explore.

En 1792 l'amiral d'Entrecasteaux et Huon de Kermadec se rendant en Tasmanie à la recherche de la Pérouse avec deux flûtes de 500 tonneaux "la recherche et l'Espérance" feront escale à Amsterdam les 28 et 29 Mars ce qui permit à l'ingénieur Beautemps-Beaupré de faire un rapide relevé de la côte.

En 1793 lord Macartney en route pour la Chine vient mouiller devant saint Paul. Il fait une brève excursion à terre où il trouve un marin brestois (Péron lachement abandonné par un navire américain). Il profita de son séjour pour dresser une très intéressante carte de l'île qui porte le nom d'Amsterdam, perpétuant une erreur datant du voyage du navire anglais "Mercury" quelques années auparavant.

Venant de trinidad et se rendant en Australie, Dumont d'Urville sur l'Astrolabe aperçoit les deux îles, mais l'incertitude qui planait sur leur position ne fut levée qu'en 1837 par l'Amiral Cecille commandant l'Héroïne, chargé de porter aide aux baleiniers. Pour autant aucune des deux îles n'est occupée ni appartient à aucun pays. Il faudra attendre le 8 Juin 1843 pour que le gouverneur de l'île Bourbon (la Réunion) charge le capitaine au long cours Martin Dupeyrat de prendre possession des deux îles, ce qui fut fait le 1er Juillet pour l'île Amsterdam et le 3 pour l'île saint Paul. Le pavillon national est hissé et le capitaine Dupeyrat retourne à la Réunion à bord de son bateau "l'Olympe" laissant sur l'île saint Paul le premier détachement d'infanterie de marine et quelques pêcheurs sous les ordres d'Adam Mieroslawski. Face aux possibilités de vie très réduite offertes par l'île et au rapport très pessimiste du capitaine Guérin, l'île est abandonnée en 1853.

Ces îles redeviennent donc à conquérir. Dès lors seuls quelques phoquiers et chasseurs d’otaries vont fréquenter les abords de Saint-Paul et d’Amsterdam mis à part, durant la seconde partie du XIX ème siècle, une expédition scientifique, emmenée par "la Novara" qui résidera à saint Paul du 19 Novembre au 6 Décembre 1857, tandis que la même année le Napoléon III du capitaine Morel y fait naufrage et perd son chirurgien et un matelot.

         En 1871, un réunionnais, Heurtin, décide de s’installer sur l’île pour y élever des bovins. Il emmène donc avec lui 4 vaches et un taureau. Mais la tentative n’aura pas le succès escompté et il quittera l’île 8 mois plus tard très amoindri en y laissant les vaches. Celles-ci vont s’habituer au manque d’eau (l'île ne possède aucune source) et s’étendre sur la quasi-totalité de l’île.

L'île redevient déserte, elle reçoit néanmoins la visite du navire anglais "La Pearl", le commodore Goodenought et le lieutenant Hosken en profiteront pour faire un relevé de la côte Sud ce qui permettra à l'Amirauté anglaise de publier la première carte entière de l'île Amsterdam en Mars 1874. Du 23 Septembre 1874 au 4 Janvier 1875 le commandant Mouchez avec "La Dives" amène à Saint Paul la mission scientifique française venue pour observer le passage de vénus devant le soleil. Mais 16 Janvier 1876 la goélette de 80 tonneaux "Le Fernand" commandée par le capitaine Herman, qui avait par deux fois amené Charles Velain en 1874, est jetée sur la côte par un fort coup de vent et 15 hommes d'équipage trouvent la mort, seuls le capitaine et un matelot survécurent et furent sauvés 32 jours plus tard par un bateau italien.

A partir de là les deux îles sombrent peu à peu dans l'oubli lorsqu'un décret du 21 Novembre 1924 les rattache à la province de Tamatave à Madagascar et en 1928 une société de pèche "La Langouste Française" crée une usine de mise en conserves à Saint Paul. Cette nouvelle tentative composée de 21 Européens et d'une centaine de Malgaches va se terminer en désastre en 1931 (presque tous les Malgaches périrent) faisant de Saint Paul une île maudite.

Plus tard, la France devant le besoin croissant de renseignements météorologiques , va prendre en considération le projet Anglais d'une station météorologique , car certains pays entretiennent à grands frais des stations flottantes, et une île située sensiblement à égale distance de l'Antarctique, de l'Australie et de l'Afrique du Sud devait nécessairement recevoir une station météorologique. Ce fut chose faite, et le 31 Décembre 1949, le navire "Sapmer" sous les ordres du capitaine Verdalaine arrive devant Amstedam mais face au mauvais temps rien ne sera tenté pour débarquer la première mission météorologique dirigée par Paul Martin de Viviès. Le 1er Janvier malgré une mer forte une partie du personnel descend à terre sous l'oeil dédaigneux des manchots et dès le 2 le débarquement du matériel commence. Il se poursuivra jusqu'au 26 avec des nombreuses interrruptions dûes au mauvais temps. Durant cette période, un labeur exténuant est accompli, installation du camp numéro 1, débarquement, évacuation, dynamitage, pose d'une voie Décauville (trois fois enlevée par la mer), mise en place d'une grue. Malheureusement un accident mortel vient troubler le débarquement. Un radeau inégalement chargé est retourné par une lame, il chavire et le matelot à son bord est entrainé par un paquet de tôles, son corps ne sera jamais retrouvé. Le 16 février la première baraque est montée, en trois semaines le camp est terminé, la station météo est ouverte le 11 Mars, le réfectoire, le four à pain et la cuisine sont prêts. Un météo s'improvise boulanger et après maints essais infructueux le premier pain blanc et croustillant apparaît à table à la satisfaction générale.

Ce premier hivernage (qui aura duré du 1er janvier 1950 au 6 Février 1951) compte 25 personnes, 4 météos, 4 radios, un infirmier, un chef TP, ainsi qu'un contingent venu de Madagascar composé de 2 Européens et de 13 Malgaches.

Les années passant la base s’agrandie et accueille des chercheurs du CNRS (les ornitho, arbo, magne-sismo et racea « étude de la troposphère et de ces différents composants : CO, CO2, DMS, Soufre, Ozone »).

A l’apogée des missions, il y eut jusqu’à 40 personnes en hivernage sur la base. Depuis, la tendance est à la diminution des effectifs, le nombre d’hivernant est d’une vingtaine de personnes, pour cette 47 ème mission nous étions 17, soit la plus petite mission des terres australes et antarctiques..